Pendant deux semaines, Tham Wickenberg, un de mes collègues de Primekey, que je n’ai rencontré qu’une seule fois en janvier dernier, a accepté de me prêter son appartement à mon arrivée à Stockholm, afin de me laisser le temps de trouver un logement définitif. Par ailleurs, ça ne le dérangeait pas trop vu qu’il était en vacances au ski à ce moment là. C’était très généreux de sa part, d’autant que l’appartement en question est fort douillet. Et pour ne rien gâter, il est à deux pas de Primekey et de toutes les commodités ; on saute au bas de la rue et en deux ou trois tours de pédales, l’on se retrouve dans le centre de Stockholm. Quelques photos du salon et de l’ample cuisine vous en dirons plus.
Mes deux premières semaines en tant que nouveau Stockholmer furent donc très confortables et je pouvais me consacrer pleinement à mon lourd travail ainsi qu’à la recherche d’un appartement qui serait définitivement mon chez moi. Au passage, je faisais la rencontre d’un nouvel ami avec qui j’allais partager le salon, la cuisine et …. et en fait tout l’appartement :
Curieuse rencontre, alors que je me brossais les dents
Oh ! Ah ! Un chat ! Qu’il est mignon tout plein ouuUUuUUu ! OOh ! Bah oui ! T’es tout mignon, hein ?! Bah oui ! T’aimes bien qu’on te gratte la tête hein ! Gouzigouzigouzi ! Heuu AHem …. Enfin, donc, je faisais connaissance avec le chat dont j’ignore toujours le nom à l’heure qu’il est. Mais qu’à cela ne tienne, pas besoin de nom pour remplir sa gamelle, se pousser du canapé pour lui laisser la place, lui enlever sa baballe à grelots avec laquelle il se met soudainement à jouer à 2h du matin, le laisser s’avachir dans mes fringues propres, vider sa caisse ou encore nettoyer ses besoins « hors périmètre », c’est à dire sur le plancher de la chambre. À noter aussi qu’il dispose d’un objet très curieux trônant pour son plaisir au milieu du salon : un arbre à chat. Imaginez-vous une immense structure de fourrure et de corde offrant aux matous de quoi se faire les griffes et se percher. À vrai dire, jusqu’ici, je pensais que cela n’existait que dans les films.
Ces deux premières semaines furent aussi l’occasion de prendre doucement contact avec la nourriture locale. Peu de choses à dire, finalement, puisque les supermarchés Suédois sont très semblables à leurs homologues Français. Les céréales, les pâtes, le lait, le sel, le sucre, bref, les principales denrées élémentaires n’ont de différent que le dialecte taxonomique (Enfin, c’est écrit en suédois, quoi). Toutefois, bien sûr, les divergences ne tardèrent pas à se faire connaître. Oubliez le fromage qui est à prix totalement prohibitif, à l’exception de la vache kiri. Les yaourts se trouvent principalement en tetrapacks, à l’instar du lait. Le pain est bien évidemment remplacé par le polar bröd, bien qu’il soit possible, moyennant finance, de trouver du pain se rapprochant de ce que l’on trouve dans nos boulangeries. Après quelques jours de repas constitués en grande partie de polar bröd tout mou, on est très heureux de pouvoir se rabattre sur les sempiternels Wäsa bröd, qui ne sont guère que des biscottes.
Mais le plus singulier est sans doute ceci :
Mais que sont donc tous ces tubes dans ce rayon ?
Au préalable, un autre de mes collègues de Primekey, Joonas, m’avait indiqué que tôt ou tard, je finirai forcément par manger de la nourriture qui proviendrait d’une sorte de tube de dentifrice. Je me précipitais donc dans la supérette la plus proche pour constater, en effet, la présence de ces curieux tubes par dizaines dans une étagère dédiée. Fromage, champignons, quelques autres saveurs mais surtout, crevettes, tels sont les parfums que l’on peut trouver, tous plus appétissants les uns que les autres. J’en sélectionnais deux dont l’un, celui de la photo, au roquefort, tenaillé par la curiosité sans doute bien française, de savoir à quoi pouvait bien ressembler du roquefort, une fois inséré dans un tube. Eh bien … Ce n’est pas ignoble, mais ce n’est pas génial, mais ce pas mauvais quand même. On retrouve bien, quelque part, le goût du roquefort, mais impossible de faire abstraction de la sale impression de manger de la mayonnaise sur du pain de mie. Ah ! Il en faut, du courage, pour faire un repas entièrement constitué de roquefort en tube !
Ça n’est pas très beau à voir, je vous le concède. Mais il faut savoir consentir à des sacrifices quand on choisit de mener la dure vie de l’aventurier.
Indépendamment de tout cela, je dois vous faire part d’une grande réussite personnelle qui est survenue lors de ce séjour chez Tham. On ne présente plus les cookies de ma sœur Coline, dont la notoriété reflète la réussite. Personne, en effet, ne fait étape là où Coline se trouve sans la supplier de préparer ses délicieux cookies. L’addiction menace même automatiquement quiconque y goûte, dont je fais partie. Vous imaginez donc bien quel fut mon malheur lorsque, arrivé à la frontière Norvégienne, nous consommâmes avec Aurélien nos dernières provisions de cookies, sachant tout deux que le ravitaillement ne pourrait avoir lieu qu’après nos six long mois d’absence. Le chagrin nous guettait. Eh bien, prise de pitié pour mon sort, ma chère sœur me transmit la recette et je fus en mesure de refabriquer d’authentiques cookies avec succès ! Oh bien sûr, il ne sont pas aussi réussis que ceux de Coline, mais leur douce saveur me fait chaud au cœur !
Cookies fuck yeah !
Dès lors, je décidais que j’en ferais tous les week-end. MOUHAHAHAHA ! À MOI LE COTÉ OBSCUR DU COOKIE !
Mais trêve de plaisanteries, les vacances se terminent toujours trop tôt et, avec le retour de Tham, il me fallut quitter les lieux pour mon nouveau logis. Inutile de préciser que Tham dut chercher longtemps son appartement avant de le trouver et que je ne me situais pour ma part qu’à l’orée de ma carrière de chercheur d’appartement. Bien qu’heureux de trouver une nouvelle piaule, il me fallut donc bien prendre conscience que la période dorée de mon voyage en Suède touchait à sa fin …
Finie la vie de palace !
Je prendrais plus tard quelques clichés de l’extérieur de ma chambre afin que vous puissiez prendre conscience du dénuement qui sera ma condition pendant ces six longs mois …
Corentin